Ce texte est paru dans Echanges n° 127 (hiver 2008-2009), dans l’article Capital et crise : haro sur les retraites
L’accord AGFF (Association pour la Gestion du Fond de Financement), qui devait être renégocié avant la fin décembre 2008, a été prorogé jusqu’en avril 2009 pour des raisons purement techniques. L’AGFF de l’Arrco et l’Agirc, les deux Fédérations de la retraite complémentaire des cadres et assimilés, est l’organisme qui assure le financement des retraites complémentaires pour les salariés qui partent en préretraite ou même en retraite avant d’atteindre leurs 160 trimestres et quarante années de cotisation. Depuis l’annonce de la possibilité de laisser travailler les seniors jusqu’ à 70 ans, on peut s’attendre à ce que l’ accord AGFF ne soit plus reconduit, mettant ainsi des milliers de futurs retraités dans l’obligation de travailler au-delà de 60 ans pour toucher une complémentaire retraite sans abattement.
Le syndicat FO vient de confirmer ces craintes : « La menace proférée par le négociateur patronal de ne pas reconduire l’accord AGFF, dans le cadre de la renégociation de l’accord Arrco/Agirc qui s’ouvre fin janvier, ne doit pas être prise à la légère. Les retraites complémentaires pourraient être amputées jusqu’à 22 % pour celles qui seraient liquidées après le 1er avril 2009. »
Chaque fois que le gouvernement a voulu s’attaquer à l’AGFF, il a été confronté à des grèves importantes ; actuellement il fulmine de ne pas avoir obtenu par la loi un recul de l’âge légal à 62 ans, voire 63 ans. Et Jean-René Buisson, président de la Commission protection sociale du Medef, a déclaré à propos de l’AGFF qu’« on peut décider de la maintenir ou pas » ou du moins « utiliser le levier de l’âge » pour remonter à 62 ou 63 ans la possibilité de liquider une retraite complémentaire ». Pour FO, M. Buisson « se livre (...) à une attaque d’une rare violence contre l’édifice conventionnel des régimes paritaires de retraite complémentaire ».
La suppression de l’ AGFF (cotisation tant salariale que patronale) ferait bien l’affaire du Medef, qui ne cesse de réclamer la baisse des charges sociales.
Voir aussi :
Capital et crise : haro sur les retraites
Retraite : Les syndicats silencieux sur le renouvellement de l’AGFF, pourquoi ? (125-2008)
Retraites : l’Etat organise la misère sociale, et le capital, la paupérisation