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Tartuffe fait Ramadan

vendredi 30 janvier 2004

De Jack-Alain Léger Denoël 10 euros

Précisons-le tout de suite. Jack-Alain Léger n’est pas un révolutionnaire, encarté ou pas dans un groupuscule. Ce n’est pas non plus un « facho » ni un « raciste », contrairement à ce que racontent les bonnes âmes de gauche qui font la courte échelle à Tariq Ramadan. Du moins, soyons prudents, cela n’apparaît pas dans ce livre. Par contre, c’est un « islamophobe » - dans le bon sens du terme, si j’ose dire.

Tartuffe fait ramadan est un pamphlet, donc son auteur ne fait pas vraiment dans la dentelle - et tant mieux. Les puissants - intellos, journaleux, ministres de l’Intérieur, dirigeants du Front National, staliniens, dictateurs algériens ou marocains, monarques pétroliers, etc. - en prennent tous pour leur grade. Lâches, hypocrites, manipulateurs, irresponsables, cyniques, on pourrait continuer ainsi longtemps la liste des adjectifs que ces messieurs se voient attribuer à juste raison. Et ne serait-ce qu’à ce titre là, ce livre mérité d’être lu - et il se lit d’une traite. J-AL n’est pas un grand théoricien politique marxiste, mais il dit nettement moins de conneries que certains « révolutionnaires ». On a affaire à un athée qui n’a pas peur de l’être et de clamer son hostilité à toutes les religions. Ca nous change du discours « compréhensif », « tolérant » de cette gauche (altermondialiste ou pas) qui bizarrement ne s’attaque jamais aux puissances temporelles que représentent les Églises. Mais, comme le disait un camarade un tantinet sectaire, faut-il s’étonner que les curés de gauche du FSE fassent alliance avec les islamistes ? S’ils exècrent la déesse Mondialisation, ils adorent bien le même Dieu, non ?

On peut ne pas suivre J-AL dans tous ses jugements à l’emporte-pièce sur l’Islam, et ses affirmations parfois approximatives. Mais l’essentiel est ailleurs. Il met le doigt sur quelques questions politiques incontournables comme en témoignent les citations suivantes :

À propos de Chevènement et de « l’intégration »

« Le ministre de l’Intérieur, il est vrai, leur conseillait d’entrer dans la police. Il ne pouvait pas concevoir de meilleur moyen d’intégration pour eux. Il n’imaginait pas d’autre destin pour un Beur qui n’a pas le talent de Zidane ou de Jamel. À défaut de star, imam ou keuf, mon pote ! pas d’autre choix si tu es un "jeune issu de l’immigration", comme on dit quand on est ministre d’un gouvernement de gauche et président du Mouvement des citoyens. (…) Ce ton paternaliste et méprisant, de colon s’adressant à des indigènes, ce ton sur lequel il les engageait, ces jeunes des cités à entrer dans la police ! Et avec cela, l’organisation du culte musulman dans la seule perspective du maintien de l’ordre… (…) Le sabre et le goupillon ? Non, mais la matraque et le tapis de prière. »

À propos des gens de gauche (ou d’extrême gauche) qui prennent la défense du voile et de l’islam, « religion des pauvres » :

« Vert ou rose, voire rouge, le petit bourge de gauche (…) purge sa culpabilité en se jetant à plat ventre devant les Frères musulmans et les militants du Tabligh. » « Je ne m’attendais pas à entendre un jour (…) qu’on devait s’interdire de critiquer la religion musulmane, car c’est la religion des pauvres ! que s’attaquer à l’islam, c’est s’attaquer aux pauvres. Il m’avait échappé que les émirs du Golfe, le roi du Maroc, le sultan de Brunei étaient pauvres… On est là dans le délire des compagnons de route du totalitarisme nouveau ? » « A l’arrogance ancienne, à l’autisme du : j’ai raison parce que c’est moi qui le pense - a succédé le délire masochiste du : L’autre a raison parce qu’il est l’autre. »

Sur l’utilisation des dirigeants de la « communauté musulmane »

« La politique raffarine, remake minable, franchouillard et faux derche, du thatchérisme, applique dans tous les domaines, le traitement ultralibéral des problèmes. (…) Selon ce grand principe marqué au coin de la morale policière : Nous préférons voir les jeunes Rebeux prier cinq fois par jour à la mosquée que les voir foutre le souk au centre commercial. La bonne conscience bourgeoise est sauve. Après tout, sous de Gaulle, les dirigeants les plus avisés du grand patonat et leurs loyaux serviteurs des cabinets ministériels concevaient que l’encadrement communiste était une bonne chose dans ces banlieues où s’entassait la classe laborieuse - qui aurait pu s’avérer sans cela, classe dangereuse. »

En refermant ce bouquin, au moins on se sent fier d’être athée et de ne s’agenouiller devant aucun autel, aucun temple, aucune église, aucune mosquée, aucune synagogue. Et on se prend à regretter que JAL ne mette pas sa plume au service de la Révolution sociale… (Y.C.)

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