mondialisme.org

« Contrôle ouvrier » en Grande-Bretagne

vendredi 14 décembre 2007

Ce texte est paru dans Echanges n° 95, en annexe d’un article consacré à Cellatex : quelques précisions. Des travailleurs devant les tribunaux « révolutionnaires ».

Il y eut en Grande-Bretagne,à l’époque que celle de la grève de Lip en France (voir Lip, le mythe de l’autogestion, de réelles tentatives de gestion ouvrière dans de petites usines en grève (plusieurs textes et brochures du groupe anglais Solidarity leur furent consacrées). Cela fut repris par tout un courant dans le mouvement shop steward qui fut à la fois théorisé dans des études sur le « contrôle ouvrier » et par des propositions pratiques des comités de shop stewards de grandes entreprises de « fabrications alternatives ». En fait, tout ceci peut apparaître, avec le temps, comme une tentative de reprise de contrôle sur un mouvement ouvrier qui échappait depuis des années aux structures d’encadrement essayant d’imposer les conditions d’un redressement du capitalisme anglais : la chute du gouvernement travailliste en 1979 après la vague de grèves sauvages du « winter of discontent » (1978-1979) ouvrit la voie à l’ultra-libéralisme de Thatcher : la manipulation du chômage, partie de l’attaque frontale sur le mouvement ouvrier remisa le « contrôle ouvrier » au rang des antiquités.

Un exemple actuel des problèmes qui se posent à toute tentative de « gestion ouvrière » est donnée par cette mine du Pays de Galles rachetée par les mineurs licenciés lors de sa fermeture et remise en activité. Le film et le livre qui en ont été tirés (Charbons ardents) escamotent pas mal de problèmes qui se posent et se poseront inévitablement notamment avec l’épuisement de la mine. Ce serait pourtant une bonne opportunité pour les laudateurs de l’autogestion de voir les limites très étroites de la survie de telles expériences dans un environnement capitaliste et de ce que cela signifie par rapport à une société communiste.

Les problèmes pratiques d’une gestion ouvrière dans de telles tentatives tournent autour des approvisionnements en matières premières, du financement et de la vente des produits fabriqués. A supposer que les deux premiers points soient résolus, la vente de produits aussi spécifiques que des fils Nylon ou de sièges de voiture ou de tôles embouties suppose l’intégration dans une filière industrielle.

On peut imaginer ce que cela signifierait, tout comme ce qu’impliquerait un changement de fabrication (suggéré par certains adeptes du « contrôle ouvrier » en Grande-Bretagne dans les années 1970). Cette question est évoquée dans de nombreux articles ; un des derniers dans Présence marxiste, septembre 200, sous le titre « Charbons ardents, construction d‘une utopie, Pays de Galles : patrons d’un autre genre mais patrons ».

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0