C’est une histoire bien classique que le journal Partisan révèle et dont le scénario s’est amplifié depuis l’avènement du syndicalisme rassemblé et de l’unification de la CISL et de la CMT.
Pour le capital, le syndicalisme ne doit plus être une simple opposition réformiste, « le dit contre-pouvoir » il doit devenir un support positif en faveur de l’entreprise, le terme « partenaires sociaux » n’est d’ailleurs pas étranger à cette idée.
L’affaire Dalkia peut se résumer ainsi : dans cette multinationale de 270 000 salariés, une section syndicale résiste aussi bien au patronat qu’aux tentatives de domestication du syndicalisme de classe. La bureaucratie syndicale laisse faire dans un premier temps, pour repérer les leaders et organiser avec le patronat une frappe chirurgicale, pendant que les syndicalistes de base se débattent avec les statuts. Les instances syndicales ne parvenant pas à avoir légalement le dessus, elles décident de passer outre les règlements et commencent les frappes individuelles (démandatement syndical) et collectives (radiation d’un syndicat) pendant que le patronat complète la répression au sol.
La réaction des militants honnêtes consiste à dénoncer les magouilles des comités d’entreprise et autres combines syndicales pour desserrer l’étreinte et faire pression sur les structures. Peine perdue. Les travailleurs restent indifférents dans la plupart des cas à ce genre de dénonciations dont ils n’ont pas les éléments. La CGT (Confédération générale du travail) Dalkia, rapidement acculée, sera contrainte de constituer un syndicat indépendant, le CGT-E Dalkia (Collectif général des travailleurs Energie Dalkia France). Sa représentativité est reconnue en Ile-de-France. Le CGT-E va subir une attaque frontale de la direction avec l’aide des autres syndicats, y compris la CGT.
Une suite de procès a pour objectif d’empêcher tout contact avec la base et d’épuiser les militants, de leur faire consommer leurs heures syndicales et de les pousser à la faute.Leur avantage, c’est la possibilité de conserver des liens par l’Internet. Selon Partisan, « quatre militants ont été licenciés faute de protection syndicale » et d’autres sont accusés de « détournement de fonds ». Dans le Nord, la direction vient de licencier l’ancienne secrétaire (CGT) du comité central d’entreprise, quinze jours après l’échéance de sa protection syndicale, comme quoi les chiens n’oublient pas de mordre.
Sur le même sujet, Intervention communiste n° 77 (novembre-décembre 2006) indique que le CGT-E a lancé une première journée de grève le 17 octobre, contre la révision des nouvelles grilles de classifications et le salaire au mérite.
La mobilisation continue, on peut la suivre sur le site du collectif : www.cgtedalkia.com et sur le blog www.cgtedalkia.over-blog.com