Toute guerre est peut-être, comme certains l’ont affirmé dans le passé, une défaite magistrale pour les prolétariats nationaux des Etats belligérants mais aussi pour tout le prolétariat international. On peut rêver d’une grève générale mondiale qui contraindrait les décideurs des volontés guerrières à remiser leurs engins de mort. Ces décideurs ont besoin, chacun dans son camp, d’un consensus minimal des populations qu’ils dominent, mais à considérer ce qui se déroule actuellement, ils ont aussi besoin d’un consensus mondial des gouvernements et des populations que ceux-ci sont censés représenter. C’est là d’ailleurs un phénomène nouveau, à considérer les guerres du passé, que ce recours frénétique à un soutien mondial, qui n’est pas du tout exempt de considérations économiques immédiates et/ou lointaines, liées à des affrontements de puissance et de zones d’influence capitalistes, existantes ou potentielles.
Mais, si ce consensus est effectivement nécessaire, les conflits, sous le capital, ne surgissent pas - malgré les apparences - de la tête de quelques hommes de pouvoir présentés aujourd’hui comme des débiles ou des paranoïaques. Ils ne s’accomplissent jamais, tant dans leurs prémisses que dans leur exécution ou dans leurs suites, selon les plans minutieux élaborés (éventuellement avec options), les prévisions volontaristes soit-disant bien mûries, au déroulement " inévitable ". Ils sont le produit du fonctionnement même du système capitaliste, bien sûr mis en œuvre par des hommes, mais dont les péripéties masquent les tendances profondes des affrontements économiques qui les génèrent. Ce sont ces mêmes tendances qui sous-tendent les déterminations apparemment absurdes et donnent l’impression d’une marche inexorable qu’il serait pratiquement impossible de stopper.
Aucun consensus, aucune opposition ne sont jamais acquis, et les circonstances, bien plus que les propagandes, peuvent entraîner des renversements de situations. Les manifestants hétérogènes contre une guerre peuvent se révéler demain - ou même dès aujourd’hui, quoi qu’ils en disent - des soutiens d’une autre guerre. A l’inverse les soutiens actifs ou passifs d’une guerre apparemment acceptée peuvent se révéler bientôt de farouches opposants, éclairés ne serait-ce que par les souffrances ou atrocités engendrées par le conflit. L’Histoire lointaine ou récente abonde de tels retournements qui parfois génèrent des troubles profonds, voire des révolutions. L’internationalisation des oppositions à la guerre contre l’Irak, si elle répond à cette " internationalisation du consensus ", a déclenché des manifestations répétées, qui se sont en quelque sorte moulées dans les précédentes manifestations anti-mondialisation, et on peut y voir les mêmes objectifs et les mêmes ambiguïtés. Ces manifestations anti-guerre ont atteint une grande ampleur dans certains pays (Grande-Bretagne, Italie, Espagne) ; la protestation contre les positions guerrières des gouvernements, démarche d’un pacifisme hétérogène, s’est renforcée là d’une révolte indirecte contre les conséquences domestiques de la crise économique et sociale mondiale.
On peut considérer qu’il s’agit des visages différents d’un même problème global, la crise mondiale du capital : d’un côté cette crise justifie les ardeurs guerrières, avec leurs fonctions économiques et de réponse politique à l’importante crise sociale ; de l’autre, les oppositions à ces ardeurs guerrières sont renforcées par celles à la crise économique et sociale, en même temps qu’elles les relativisent voire les masquent. Il est aussi significatif que, hors les Etats-Unis et les pays arabes, où l’opposition à la guerre est plus logique et plus cohérente, cette opposition est la plus forte dans les pays européens, notamment chez ceux qui constituent les maillons forts de l’Union européenne, tant chez les gouvernements que dans les populations. Dans ces pays, les manifestations anti-guerre prennent en quelque sorte le relais des manifestations anti-globalisation, etc., dans lesquelles, souvent, une grande ambiguïté anti-capitaliste était plus ou moins ouvertement calquée sur l’anti-américanisme. Projeté vers l’avenir sur une longue période, et malgré les positions minoritaires droite et gauche qualifiées de " souverainistes ", cet anti-américanisme s’apparenterait plutôt à la montée d’un patriotisme européen, un nouvel Etat fédéral en formation relayant en quelque sorte la politique carrément anti-américaine des deux poids lourds de l’Union, l’Allemagne et la France (sinon dans leurs propos lénifiants et protestations d’amour, du moins dans les faits).
Dans une phrase célèbre de son ouvrage De la guerre, le théoricien allemand Clausewitz affirmait que la guerre n’était jamais que " la politique menée par d’autres moyens ". C’est si évident que dans le cas de mise sous condition armée de l’Irak, l’épisode guerrier est passé pendant des mois au second plan, derrière tous les palabres diplomatiques dont on nous rebat les oreilles, destinés apparemment aux consommations intérieures (le consensus pour ou contre), mais qui masquent d’autres débats. Des débats que l’on ne met pas sur la table, car il est essentiel de tout maintenir sur le plan de l’idéologie et des principes, mais qui sont les débats réels : économiques et stratégiques - y compris les incidences les plus immédiates du coût de la guerre pour les économies nationales et mondiale. Déjà se dessinent les contours du nouveau partage du Moyen-Orient et de son pactole pétrolier.
Une crise mondiale
Comme nous l’avons déjà souligné, la politique incluse dans la guerre s’adresse aussi à la crise mondiale du capital. Bien sûr, cela n’a nullement l’envergure ni les conséquences économiques des guerres mondiales qui tendaient, par les destructions de capital fixe, à permettre une certaine restauration du taux de profit. En regard de ces guerres, l’invasion de l’Irak est une opération stratégique de grande ampleur dont les moyens, bien disproportionnés à leur but avoué (" chasser Saddam Hussein "), ne laissent aucun doute sur le renforcement de la présence des Etats-Unis dans cette zone sensible de contatct entre continents et où s’assure le contrôle de l’approvisionnement en pétrole. Et, au deuxième degré, de faire une démonstration de force pour tous ceux qui s’aventureraient à contester la domination américaine sur le monde... La destruction de capital fixe et de capital variable n’est, semble-t-il, pas ici en cause, bien que l’accumulation des conflits locaux et de " petites guerres " (sans compter l’obsolescence accélérée des armements) au cours des cinquante dernières années pourrait avoir joué un tel rôle, mais d’une manière différente, dans les tentatives objectives de restaurer le taux de profit du capital.
Sur le plan interne des Etats, qui ont plus que jamais besoin d’endiguer les résistances sociales à la crise (ce n’est même plus une question de consensus), les palabres ou les engagements, pour ou contre la guerre sont un excellent dérivatif masquant et relativisant l’ensemble des luttes des travailleurs. Sans aucun doute, ces luttes restent le plus souvent isolées, même si leur multiplication et leur degré de radicalité fragilise quelque peu un pouvoir politique ne pouvant qu’avouer son impuissance contre le déroulement aveugle de la marche du capital. Si les manifestations antiguerre peuvent offrir effectivement l’opportunité d’exprimer collectivement une opposition globale ou une révolte contre le système, elles n’en constituent pas moins une déviation quant au but réel de la lutte de classe ; de ce point de vue, elles accomplissent la même fonction que celle que le pouvoir politique assigne à sa politique d’union nationale, favorable ou hostile à la guerre. L’ensemble ne peut, par la démonstration que ces manifestations ne changent pas le cours inexorable vers la guerre, que renforcer ce sentiment d’impuissance que les travailleurs isolés peuvent tirer de leur propre lutte copupée de tout, pour laquelle même le radicalisme ponctuel ne mène nulle part.
Grève avortée à New York
Le 7 décembre 2002, des milliers de travailleurs des transports publics de New York (MTA) ont voté à la quasi-unanimité le principe d’une grève lors du renouvellement du contrat collectif. La grève n’a finalement pas eu lieu, car elle a déclenché une tempête de menaces (d’amendes colossales jusqu’à la prison, car la grève des services publics à New York est illégale) dont la moindre n’était pas que la grève constituait une " menace terroriste " et, épousant le " jihad ", était un soutien à l’Irak. Le syndicat conclut un accord favorable au MTA, qu’il réussit à imposer, dans cette ambiance, à une très faible majorité, jouant sur la peur et sur des silences sur le contenu réel des concessions. Une telle démarche est classique. Ce qui est significatif, ici, c’est l’utilisation du contexte, du mot " guerre " et de ce qu’on lui prête à ce moment pour briser un des épisodes de la guerre sociale. Le " mal " est toujours ce qui se dirige contre les intérêts du capital et la guerre qu’il engage à ce moment précis n’est finalement qu’un aspect de l’ensemble de la guerre sociale que, sous des formes et ramifications diverses, le capitalisme engage pour maintenir sa domination, dont l’essentiel reste sa domination de classe sur les exploités.
En France, la guerre sociale escamotée
Les travailleurs américains ont déjà montré dans le passé, notamment au cours de la seconde guerre mondiale, que " l’effort de guerre " qu’on exigeait d’eux ne passait pas par une aggravation des conditions d’exploitation - ce qui était indirectement un des buts de l’opération - et que leurs intérêts de classe ne passaient pas par les " nécessités " du capital. Cette période fut marquée aux Etats-Unis par des grèves mémorables (1).
Peut-on relever des situations similaires actuellement en France, en Europe ou ailleurs dans le monde ? C’est à la France que nous nous attacherons. A première vue, non, puisque le gouvernement refuse (pour des raisons bien sûr tout autres que celles de la " morale internationale " et du respect formel des dédales juridiques de l’ONU) de suivre les Etats-Unis dans leurs nécessités guerrières présentes. Mais ce refus crée une sorte d’unanimité nationale derrière ces positions anti-guerre (nullement pacifistes d’ailleurs) mais affirmant, sous couvert de méandres diplomatiques et de déclarations très morales, les intérêts économiques de la France et de l’Europe. Du coup, le soutien à cette politique escamote les abstentions politiques majeures de la population et la portée des critiques contre la politique sociale qui pourraient passer pour affaiblir la portée des affirmations politiques contre la politique internationale des Etats-Unis.
Bien sûr, les médias parlent - à l’occasion - des " cas " les plus marquants des conséquences de la crise dans l’industrie nationale, plus de ceux dans lesquels les travailleurs se défendent comme ils peuvent. La liste depuis l’automne est longue et est dans toutes les têtes : Daewoo en Lorraine, Metaleurop dans le Nord, ACT à Angers, Matra à Romorantin, Airlib pour toute la France, Péchiney en Ariège. Sauf des cas exemplaires de luttes ou de procédés particulièrement brutaux de fermeture d’entreprises, l’immense majorité de ces fermetures ou restructurations n’entraînent pas autre chose que les protestations platoniques et les hypocrites apitoiements officiels. C’est pourtant un des termes de la véritable guerre sociale. Et les réactions de la part des exploités qui tentent d’aller plus loin que les sempiternelles ornières de protestations diverses bien encadrées sont, aussitôt, qualifiées elles aussi de " terroristes ", rejoignant ainsi l’offensive mondiale contre la domination capitaliste. Les pouvoirs économiques, politiques, syndicaux s’avouent impuissants devant cette guerre économique et sociale qui n’est pas l’exception, comme on voudrait nous le faire croire, mais la permanence, la raison d’être du système où l’exploitation de base repose sur la violence à laquelle répond une autre violence de classe.
Tout ce qu’il essaient de faire, pour maintenir ce qu’ils appellent la " paix sociale " ce sont des " aménagements " c’est-à-dire amortir les chocs trop brutaux qui pourraient provoquer de la part des exploités des sursauts de violence et, qui sait, d’autres réactions plus étendues. Le paradoxe est que toutes ces " bonnes âmes " bien intentionnées, tout au moins dans leur discours, ont déjà prévu des moyens de faire face aux effets de la crise (qui accentue la précarité, réduit la part de plus-value destinée à diminuer l’impact financier du chômage, augmente les tensions sociales) en durcissant les conditions d’exploitation des travailleurs, en rendant plus difficile et moins coûteuse l’indemnisation du chômage et en renforçant les moyens répressifs pour garantir la " sécurité sociale " du système. Le capital possède même d’autres moyens de contourner, en toute légalité, ces mesures " d’amortissement " que le pouvoir politique a été contraint de concéder pour assurer la pérennité du système. Ce n’est pas nouveau mais, dans la situation présente, ils apparaissent avec toutes les conséquences pour les travailleurs, qui n’étaient pas évidentes au départ. Les " grosses affaires " de fermetures d’entreprises et de licenciements dans l’année écoulée (pour ne parler que de cette période) ont en commun de concerner pratiquement toutes des filiales, indépendantes juridiquement, de firmes plus ou moins multinationales qui échappent ainsi à toutes obligations, le plus légalement du monde, et contre lesquelles les luttes circonscrites, même les plus radicales, restent impuissantes. Il faudrait toute une longue étude pour montrer comment la plupart des firmes, à la fois par l’utilisation à grande échelle - et souvent en toute illégalité - des différentes formes de précarisation et par la multiplication des filialisations, peuvent s’évader non seulement des obligations conventionnelles envers leurs propres travailleurs " permanents " mais aussi de tout ce que leur impose la législation nationale du travail (sans parler des autres régulations industrielles, par exemple concernant la pollution). Le capital devient ainsi, par l’effet de son organisation, non seulement anonyme mais aussi totalement irresponsable eu égard à ce qui a pu être concédé, sous l’effet de pressions sociales ou politiques diverses. Il importe pour lui, en période de crise et de féroce compétition, d’échapper aux cadres juridiques et /ou nationaux définis, au détriment de ceux qui sont la force vitale de l’entreprise capitaliste dans la production de valeur et de plus-value : les travailleurs.
Nous aurions pu ainsi évoquer l’une ou l’autre ou toutes les luttes qui se sont déroulées dans une période récente autour des mêmes problèmes : elles conduiraient aux mêmes conclusions après des analyses qui, avec quelques variantes se répéteraient. Nous avons choisi celle d’ACT à Angers parce que des camarades de la région nous ont apporté matériaux et contributions. Les centrales syndicales organisent ou ont organisé récemment, ensemble ou séparément, des actions nationales sur des problèmes généraux comme les retraites ou d’autres plus spécifiques comme le statut des chemins de fer ou celui de l’électricité ; elles ont même participé à des actions européennes pour les conditions de travail (routiers) ou la protection de statuts (dockers, chemins de fer) - toujours dans le même cadre élargi de la gestion de la force de travail dans une entité nationale ou européenne : bien que cela se fasse parce que le capital tente, en profitant des modifications dans les structures économiques et politiques, de modifier dans son intérêt, les conditions d’exploitation, les syndicats peuvent avoir quelque chance de préserver leur position d’intermédiaire privilégié dans la gestion de la force de travail. Mais par contre, cette même position reste particulièrement, de toute évidence pour les travailleurs, sans aucune prise sur la marche même du capital, inexorable quant à la disposition de la marchandise " force de travail " et à son utilisation.
Tout ce qu’il peuvent proposer, face aux réactions des travailleurs qui parfois se sont fait exploiter de longues années sur le même site et ont construit leur vie autour de ce lieu et de leurs espoirs, c’est toujours la même panoplie d’actions plus ou moins légales ou tolérées pour faire pression, pas tant sur un employeur souvent impossible à atteindre sous sa carapace juridique que sur des autorités démunies, en dehors des protections légales et des " promesses de reclassement " dont les travailleurs savent par l’expérience de ceux qui y sont passés tout le discrédit qu’on peut leur accorder.
Les limites : isolement et répression
Ainsi tout un ensemble de frustrations naît, pas tant du licenciement lui-même que des manipulations qui y ont conduit et du cynisme patronal qu’il implique, que du sentiment d’impuissance des interventions syndicales et politiques et, finalement, de l’inefficacité des actions qu’on leur a proposées. Ce qui ne peut que conduire nombre de travailleurs à la révolte plutôt qu’à la résignation. Il peut arriver, comme à ACT, que les militants syndicaux eux-mêmes (à ACT les uns étaient CGT, membres de Lutte ouvrière, les autres FO, membres du Parti du Travail) tentent de proposer des actions plus radicales, sortant des sentiers battus, et qu’ils soient suivis par une bonne part des travailleurs de l’entreprise. Mais, là aussi les limites apparaissent rapidement.
D’une part, les plus militants des syndicalistes sont emprisonnés dans leur appareil syndical et éventuellement politique ; dans la mesure où ils agissent au nom de ces appareils, ils s’exposent à leurs pressions voire à leurs sanctions, Et au moins à des manipulations, notamment de la part des syndicats (quels qu’ils soient), dont les bureaucrates, soucieux d’autres intérêts, peuvent régler le conflit par-dessus la tête des militants et celle des travailleurs en lutte.
D’autre part, dans la mesure où ce radicalisme reste confiné à la lutte considérée, localisée et sans aucune forme de solidarité active d’autres secteurs, s’épuisant dans une inefficacité statique, il conduit au même sentiment d’impuissance, qui ne peut être surmonté que par une surenchère dans sa même forme violente. Enfin, si ce stade est atteint, il s’expose, s’il reste à ce niveau localisé et isolé, à une répression policière et/ou judiciaire qui ramène la lutte dans ses ornières légales ; d’ailleurs, cette action radicale risque aussi de perdre son caractère collectif ; et si ce militantisme devient l’acte exemplaire d’un petit groupe espérant briser le carcan de l’isolement, il tombe alors sous la menace d’une répression individuelle (ce qui semble le cas pour les travailleurs de Daewoo arrêtés sous l’inculpation d’incendie volontaire de l’usine de Pont-Saint-Martin).
Il est bien certain que cette situation, pour ponctuelle qu’elle soit (des tentatives similaires à celles de Cellatex ont été évoquées à Daewoo, à Metaleurop, chez ACT, et vraisemblablement ailleurs) par sa répétition se mue en une frustration collective qui semble présente dans l’ensemble du prolétariat, d’autant que d’autres mesures constituant des attaques soit contre des statuts particuliers, soit contre des avantages globaux (indemnisation du chômage, conditions de licenciement, retraite, etc.), ajoutent à l’effet, même relativement peu médiatisé, de ces conflits perdus après des mois de lutte.
Chaque lutte permet à l’appareil répressif de s’affiner
On rejoint ici ce que nous avons développé à propos de la guerre . Les confédérations syndicales tentent bien de jouer leur rôle traditionnel par rapport à cette tension, en envisageant d’organiser une action nationale contre les licenciements. Mais ce ne peut être qu’un autre aveu d’impuissance puisqu’ils ont accepté la mise en place de l’encadrement d’une tension sociale prévisible - ils y ont même concouru. Nous pouvons même affirmer que des situation similaires à celle de décembre 1995, même si elles peuvent aussi paraître prévisibles, se heurteront à des mesures qui ont d’ores et déjà été prises pour empêcher la répétition des événements d’alors. Il faudra par conséquent, et cela ne peut manquer de se produire, que d’autres formes de lutte et d’organisation de lutte surgissent, mais elles devront compter avec un appareil répressif plus affiné tant du côté de l’Etat que du côté syndical.
Pour le moment, comme nous le soulignions dans nos considérations sur la guerre, c’est un conditionnement idéologique qui s’affirme sur le devant de la scène. Il est évident qu’il peut jouer sa fonction pour un temps, mais que ce temps ne durera pas, car les conflits de classe dissimulés s’affirmeront, soit dans la continuation de leur isolement soit jusqu’à ce que leur accumulation explose dans une action collective imprévisible pour tous.
H. S.
(1) L’ouvrage de Martin Glaberman Wartime Strikes. The Struggle against The No-Strike Pladge in The UAW during World War II, relate ces mouvements en détail. (Bewick ed., Detroit, Michigan, 1980. Quelques exemplaires (en anglais) encore disponibles à Echanges, BP 241, 75866 Paris Cedex 18).