Jean-Pierre Faye est, le plus souvent, resté en marge des modes intellectuelles parisiennes – attitude qui est plutôt à mettre à son actif. En 1972, son volumineux ouvrage sur les Langages totalitaires (dernière édition, 771 pages, Editions Hermann, 2004) est paru dans un climat fort peu réceptif. Ce travail tentait d’opérer l’exégèse des concepts clés de la pensée politique et culturelle allemande de 1890 à 1933, pensée qui « oscilla » profondément entre, d’un côté, le langage de la Révolution conservatrice, qui commença avec Nietzsche, et, de l’autre, le marxisme, jusqu’à la victoire du national-socialisme. Jean-Pierre Faye a décrit la remarquable trajectoire de certains mots, jusqu’aux « oscillations » extrêmes de 1923, année où le tournant en faveur de la « ligne Schlageter » amena le Parti communiste allemand à lutter avec les nazis contre le traité de Versailles, et 1932, lorsque les communistes et les nazis coopérèrent pour que les sociaux-démocrates perdent le land de Prusse. Dans la mesure où cet article s’intéresse aux événements qui ont suivi, donc à la période qui va de 1933 à 1990, je ne peux que renvoyer le lecteur à la lecture de ce chef-d’œuvre qui n’a malheureusement eu que peu d’écho en France, et pratiquement aucun dans le monde anglophone.
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