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A propos des prétendus "doutes" de Monsieur Gabriel Cohn-Bendit sur la Shoah

vendredi 7 novembre 2014

La mise en circulation sur youtube d’un extrait d’une intervention de Monsieur Gabriel Cohn-Bendit (alias GCB) chez le monarchiste Thierry Ardisson en 2003 ET SURTOUT LES CENTAINES DE COMMENTAIRES ANTISEMITES ET NEGATIONNISTES qui suivent cet extrait de 4 minutes m’incitent à préciser quelques points élémentaires face à ses mensonges et falsifications diverses.

1. GCB prétend qu’il n’était pas historien mais aussi que Faurisson était un historien ce qui est un MENSONGE.

2. GCB prétend que les historiens de l’époque étaient nuls, DEUXIEME MENSONGE, même s’il est évident que l’historiographie du judéocide a fait des progrès (cf. biblio partielle plus bas)

3. GCB a participé à un livre « Intolérable intolérance » avec des gens d’extrême droite aux Editions La Différence pour défendre une prétendue liberté d’expression. Et cela il se garde bien de le dire en 2003.

4. Sa position n’était pas du tout ce qu’il explique chez Ardisson en 2003. Par exemple à l’époque il prétendait que Faurisson ne remettait pas en question le judéocide ce qui était et est toujours un mensonge.

5. Il prétend s’être trompé mais est très confus sur la nature de ses erreurs, passe sous silence ses contacts avec Faurisson et avec les négationnistes pendant plusieurs années (voir la petite chronologie ci-dessous issue d’un texte plus long « Increvables négationnistes », NPNF n° 46-47, octobre 2014 http://mondialisme.org/spip.php?rub... ). Plutôt que de recommander la lecture des situationnistes aux jeunes générations il ferait mieux, LUI, de lire et de recommander la lecture des historiens sérieux sur le judéocide.

6. Il n’a vraiment pas de chance quand il présente Robert Mesnard comme un grand défenseur, comme lui, de la liberté d’expression. Quand on sait ce qu’est devenu ledit Mesnard on ne peut que se poser des questions sur la logique de la « liberté d’expression » des négationnistes (et non des « révisionnistes » comme le dit pudiquement Ardisson) prônée par GCB.

– Novembre 1978

Jean Gabriel Cohn-Bendit (anarchiste et frère de Daniel Cohn-Bendit ancien leader du mouvement de mai), Hervé Denes et Pierre Guillaume rencontrent Faurisson (selon l’historienne Valérie Igounet). À l’époque, vu la médiatisation des propos de Faurisson dans Le matin de Paris puis plus tard dans Le Monde (médiatisation qui a déclenché cette prise de contact), il est impossible d’ignorer la teneur antisémite de ses propos, même si l’on peut supposer que, au départ, le trio ultragauche ci-dessus mentionné ne connaissait pas les engagements pro-OAS de Faurisson et ses amitiés avec plusieurs collaborateurs vichystes.

– 5 mars 1979

Libération publie une lettre de Jean-Gabriel Cohn-Bendit aux avocats des deux parties dans le procès qui oppose Faurisson quotidien Le Matin : « C’est justement parce que le meurtre de masse a eu lieu, ce que, pour leur part, ni Rassinier, ni Faurisson ne mettent en doute qu’on peut se demander comment, y compris techniquement, il a pu avoir lieu. » Encore un innocent qui n’a visiblement pas lu Rassinier mais qui lui sert tout de même de caution « radicale » au nom de la liberté d’expression et se sert de sa judéité comme d’un alibi.

Au procès de Faurisson contre Le Matin de Paris, à la même époque, Gabriel Cohn-Bendit qui se présente comme « Juif d’extrême gauche, libertaire pour tout dire », défend le fait que « la liberté de parole, d’écrit, de réunion, d’association doit être totale et ne supporte pas la moindre restriction ». Pris quand même d’un petit doute, il écrit : « On peut, quand on a vécu cette époque, et vu disparaître une partie de sa famille, répugner à la discussion sur le mode d’extermination et le nombre des victimes. Mais l’historien ne peut évacuer ce problème. » Seule difficulté de ce raisonnement : ni Rassinier ni Faurisson ne sont des historiens sérieux, mais Gabriel Cohn-Bendit ne peut l’admettre parce qu’il sait « qu’ils n’ont rien à voir avec » des néo-nazis..

– 1980 La Vieille Taupe « n ° 2 » réédite plusieurs livres de Paul Rassinier et publie un ouvrage dirigé par Serge Thion Vérité historique ou vérité Politique ? le dossier de l’affaire Faurisson, la question des chambres à gaz, avec des contributions de Jacob Assous, Denis Authier, Jean-Gabriel Cohn-Bendit, Maurice Di Scuillo, Jean-Luc Redlinski et Gàbor Tamàs Rittersporn.

– 1981

Actif dans les cercles anarchistes et ultragauches, Jean-Gabriel Cohn-Bendit utilise l’argument qu’une partie des membres de sa famille sont morts dans les camps de concentration pour justifier une liberté d’expression absolue dans un livre (Intolérable intolérance), publié par La Différence en 1981, avec des contributions d’Eric Delcroix (avocat fasciste et négationniste), Claude Karnoouh (négationniste ultragauche et anthropologue[1]), Vincent Monteil (officier de l’armée française, professeur d’université spécialisé dans les études islamiques, converti à l’islam, antisémite et défenseur de Faurisson) et J. Tristani (romancier).

Après la publication du livre, Jean- Gabriel Cohn Bendit rompt ses liens avec Pierre Guillaume... parce que son texte dans Intolérable intolérance a été coupé par son ami négationniste ! Encore une fois, les acteurs de ces péripéties para-négationnistes ou négationnistes sont beaucoup moins influencés et motivés par les principes politiques « communistes » qu’ils prétendent défendre si bruyamment que par de petites querelles d’ego et des inimitiés personnelles.

- Petite bibliographie sur les camps nazis et le judéocide entre 1945 et 1978 destinée aux lecteurs désinformés par le Monde à l’époque comme aujourd’hui (http://mondialisme.org/spip.php?art... ) et aux menteurs comme Gabriel Cohn Bendit

Cette bibliographie, évidemment non exhaustive, vise à répondre à l’argument de ceux qui, comme Ariane Chemin du Monde, prétendent qu’on ne savait pas grand-chose sur les camps de concentration et d’extermination en 1978 quand Le Monde publia la lettre de Robert Faurisson. Ou qui comme Gabriel Cohn-Bendit prétend que les historiens étaient « nuls » à l’époque. Cette liste d’ouvrages permet aussi de se rendre compte que les militants « révolutionnaires » qui ont décidé de croire Paul Rassinier ont effectué un choix politique très conscient : ils ont accordé foi au témoignage d’un anticommuniste antisémite acoquiné avec l’extrême droite, plutôt qu’à des antifascistes de gauche ou des historiens antifascistes, comme l’étaient la plupart des auteurs cités ci-dessous. Il suffit de penser au fait que, en 1979, le nombre de livres sur les soviets russes, l’écrasement de Kronstadt ou la révolution allemande de 1919-1923 était bien moins important... tout en remportant l’adhésion enthousiaste de ces mêmes ultragauches hypercritiques.

Des dizaines de témoignages sur les camps de concentration et d’extermination furent publiés en France, juste après la guerre, entre 1944 et 1948. On en trouvera une longue liste dans le livre d’Annette Wieworka, « Déportation et génocide », Plon 1993, réédition Pluriel 2013, pages 447-475. Une vingtaine, publiés AVANT 1948, portent sur Auschwitz, donc on savait déjà l’essentiel – à moins, bien sûr, de considérer les déportés comme des menteurs et les nazis comme des « porteurs de vérité », comme MM. Bardèche, Rassinier, Guillaume, Garaudy et Faurisson... On peut en plus citer les ouvrages suivants parus avant que les ultragauches ne rencontrent Faurisson ou ne le soutiennent, ouvrages dont ils ne pouvaient ignorer l’existence et le contenu :

Vassili Grossmann, L’Enfer de Treblinka, Arthaud, 1945 David Rousset, L’univers concentrationnaire, Editions du Pavois, 1946 Eugen Kogon, L’enfer organisé, La Jeune Parque, 1947 (republié sous le titre L’Etat SS, 1970) David Rousset, Les Jours de notre mort, 1947 François Bayle, Croix gammée contre Caducée, Imprimerie nationale, 1950 Léon Poliakov, Bréviaire de la haine : Le Troisième Reich et les Juifs, Calmann-Lévy, 1951 Michel de Bouard Mauthausen, 1954 Olga Wormser-Migot : La tragédie de la Déportation 1940-1945. Témoignages de survivants des camps de concentration allemands, Hachette, 1954 Elie Wiesel, La Nuit, éditions de Minuit, 1958 Joseph Billig, Le dossier Eichmann et la solution finale de la question juive, Buchet-Chastel, 1963 Léon Poliakov, Le procès de Jérusalem, Calmann-Lévy, 1963 Léon Poliakov, Auschwitz, Julliard, 1964 Olga Wormser-Migot, Le retour des déportés. Quand les alliés ouvrirent les portes, 1965 Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier 1943, Minuit, 1996 Joseph Billig, L’Hitlérisme et le système concentrationnaire, PUF, 1967 Miriam Novitch, La vérité sur Treblinka, Presses du Temps Présent, 1967 Roger Manvell et Heinrich Fraenkel Le crime absolu, Stock, 1968 Olga Wormser-Migot, Le système concentrationnaire nazi 1933-1945, 1968 Yves Ternon et Helan Socrate, Histoire de la médecine SS : le mythe du racisme biologique, Castermann, 1969 Olga Wormser-Migot, L’ère concentrationnaire, 1970 Charlotte Delbo, Aucun de nous ne reviendra, Auschwitz et après I, Minuit, 1970 Charlotte Delbo, Une connaissance inutile, Auschwitz et après II, Minuit, 1970 Saul Friedländer, L’antisémitisme nazi. Histoire d’une psychose collective, Seuil, 1971 Charlotte Delbo, Mesure de nos jours, Auschwitz et après III, Minuit, 1971 François Bédarida, Le génocide et le nazisme, Press Pocket, 1972 Georges Wellers, De Drancy à Auschwitz, Fayard, 1973 Joseph Billig, Les camps de concentration dans l’économie du Reich hitlérien, PUF, 1973 Olga Wormser-Migot, L’ère des camps, 1973 Germaine Tillon, Ravensbrück, Seuil, 1973 Poliakov Léon, Les totalitarismes au XXe siècle, 1975 Gitta Sereny, Au fond des ténèbres, Denoël, 1975 Hermann Langbein, Hommes et femmes à Auschwitz, Fayard, 1975

[1] Il prétend évidemment n’avoir jamais été négationniste, et avoir seulement eu des doutes sur certains témoignages concernant le judéocide... On connaît la chanson.

Y.C., Ni patrie ni frontières, 7 novembre 2014