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Note de lecture : Etatisme contre libéralisme ? C’est toujours le capitalisme

jeudi 26 juillet 2012

(Cette note est parue dans le n° 139 d’Echanges.)

Etatisme contre libéralisme ? C’est toujours le capitalisme

Tom Thomas

Editions Contradictions

Tom Thomas, comme dans ses précédents ouvrages, poursuit sa critique de ceux qui réduisent la portée de la crise à sa forme, c’est-à-dire au libéralisme. Il cherche toujours à bien montrer la relation entre le Capital et l’Etat, qui est comme il dit le fonctionnaire du capital.

Dans un premier temps, il fait un rappel historique de la naissance de l’Etat, que je considère comme classique. Il poursuit en expliquant le long cheminement vers l’Etat moderne. C’est là que commence nos divergences, dès le sous-titre : « L’Etat accoucheur du capital », version classique de l’anarchisme qui a toujours placé l’Etat au dessus du capital. Et qui vaudra l’éternelle polémique entre Bakounine et Marx à ce sujet.

« Bakounine croit que c’est l’Etat qui a créé le capital et que le capitaliste ne possède son capital que par la grâce de l’Etat. Puisque le mal principal c’est l’Etat, pense-t-il, il faut le supprimer en premier lieu et ensuite le capital disparaîtra bien tout seul » (Engels, lettre du 24 janvier 1872 à Théodore Cuno).

Ensuite, il montre, argumentation à l’appui, comment l’Etat va s’emparer progressivement de la société civile et s’immiscer dans l’économie (investissements lourds des chemins de fer), il va même s’occuper des salaires. Au chapitre 3, Tom Thomas montre de manière historique comment l’Etat français va s’emparer de l’aide sociale, pour contrer l’associationnisme ouvrier (p.46). Comment l’indépendance de classe sera brisée par le « dialogue social » et la gestion tripartite (Etat, patronat, syndicat). Bien que ce livre présente beaucoup d’intérêt, il introduit des conceptions que nous ne partageons pas. Tom Thomas reprend la « théorie léniniste de l’aristocratie », disant que le réformiste est la conséquence du pillage impérialiste – « les miettes du festin impérialiste ». En ce qui nous concerne nous considérons que le seul pillage capitaliste est essentiellement celui de la force de travail, et que les « miettes » proviennent des fortes hausse de productivité, du rapport de forces entre les classes et leur place dans la production. Tom Thomas reprend (p.43) la correspondance avec les taux de productivité, mais l’associe à l’accaparement impérialiste des richesses mondiales.

Ce qui va l’amener à considérer que la plus large part de la plus-value produite dans les pays dominés est rapatriée dans les pays du centre. D’un point de vue théorique nous savons que le capital n’a pas de patrie et l’ouvrier non plus, la plus-value revient toujours à ceux qui exploitent la force de travail, et qui placent des capitaux à cet effet.

Ensuite il fait intervenir des notions comme Etat totalitaire et fétichisme de l’Etat, qui méritent une critique, la question ici étant de savoir s’il était nécessaire d’affubler la critique de l’Etat de ces termes. Enfin la faiblesse du livre, et Tom Thomas nous avait prévenu dès le début, c’est que sa critique de « l’Etat est celle de l’Etat français qui présente néanmoins des caractéristiques communes avec tous les “Etats modernes” ». Tom Thomas n’aborde nullement la crise de l’Etat-nation, engendrée par la constitution de blocs économiques et plus amplement par la « mondialisation ».

Gérad Bad

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