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La guerre des monnaies : conversion du système de crédit en système monétaire.

mercredi 1er décembre 2010

En septembre 2009 nous terminions notre article « OR et dollar les reliques de la barbarie capitaliste » par une citation de Marx , indiquant comment s’opère « une brusque conversion du système de crédit en système monétaire ».Cela fait déjà quelque temps, que le dollar en tant qu’ équivalent général ou monnaie universelle est contesté du nord au sud. Mais pour le moment toutes les tentatives de liquider le dollar ont été déminées, y compris par la guerre comme en Irak(1).

Quelques jours avant la réunion du G 20 ( le 11 novembre) la banque centrale américaine (FED) annonce le 3 novembre, qu’ elle va de nouveau faire marcher la planche à billet(2. Le monde entier venait ainsi d’ apprendre, que la FED allait émettre 600 milliards de dollars pour contenir une déflation menaçante, mais aussi pour déclencher une inflation spéculative(3 à l’ échelle mondiale. En procédant de la sorte, la FED allait affoler le monde des affaires, tout en faisant avorter la réunion du G204 qui devait trouver un terrain d’ entente pour stabiliser la « guerre des monnaies ».

Ce qui est intéressant c’ est de voir qu’un journal financier comme La Tribune va jusqu’ à titrer « Monnaies : l’Europe piégée par les Etats-Unis » 6 et 7/11/2010. Ce titre n’ est pas anodin, Sarkosy le Président de la république française assumera après le sommet de Séoul la présidence du G 20 et mettra à l’ ordre du jour la réforme du système monétaire et financier, un morceau plus coriace que la réforme des retraites.

Ceci indique le niveau de confrontation entre les blocs d’ influence financière ( dollar , euros, yen , yuan) et explique aussi la réunion de Deauville, entre la France, l’ Allemagne, et la Russie et leur déclaration commune visant sans le dire vraiment, la constitution de l’ Eurasie ( la frayeur de Brzezynski)(5. Les pays dits émergents ont eux aussi immédiatement réagis, la Chine, l’ Inde, la Corée du Sud, la Turquie, Thaïlande, le Brésil , la Colombie et la Malaisie menacent de mettre en place une ceinture protectionniste contre toute tentative de déstabilisation spéculative. Ce qui fit dire au ministre brésilien des Finances Guido Mantega « ça ne sert à rien de jeter des dollars du haut d’un hélicoptère » (6).

Ce que Ben Bernanke ( grand spécialiste de la crise de 1929) a fait des le début de la crise, c’ est d’injecter des masses de capitaux dans le système bancaire, il ne voulait pas commettre les mêmes « erreurs » que lors de la crise de 1929 (7). Aussi nous avons constaté que la masse monétaire américaine a gonflé rapidement jusqu’ à l’ été 2009. Depuis elle stagne comme réserve excédentaire dans les banques à des niveaux historiques. La FED est sur les traces du Japon (1998/1999) qui fit marcher à fond la planche à billet pour couvrir ses propres emprunts ( achat de bons du trésor). Il en résulta que la banque centrale avait beau émettre des liquidités, celles ci ne circulaient pas, la production et la consommation restaient au point mort, et la déflation ( baisse des prix) poursuivait sa course. L’ économie nippone fonctionnait comme une « trappe à liquidités ».

Nous pouvons dire sans trop nous tromper, que le Japon à une bonne longueur d’ avance dans cette crise et qu’il préfigure l’ avenir des autres pays. Il arrive encore à tenir le gouvernail grâce à son importante réserve de change et aux mesures d’ austérité radicales faite au peuple.Ce qu’il faut souligner dans se nouveau tournant de la crise mondiale du capitalisme, c’ est l’ utilisation selon les moments du monétarisme ( encadrement de la masse monétaire) notamment dans l’ Union Européenne ou du Keynésianisme par les anciens partisans du monétarisme : Grande Bretagne , Etats unis.... Tous par contre du nord au sud utilisent déjà les dévaluations compétitives de leur monnaie, mais dés lors que tous les pratiquent le jeu devient nul à la sortie. Il en résulte que c’ est la structure capitaliste réelle, et non la structure monétaire, qui détermine la capacité concurrentielle relative des pays.

L’ offre de monnaie ne résulte pas du jeu de facteurs économiques, elle est une décision d’ ordre politique, une sorte de balancier tactique que chaque gouvernement utilise pour gagner du temps en essayant de reporter la crise sur d’ autres. L’ enjeu dans le cadre du capitalisme, est de savoir qui sera éjecté ( y compris par la guerre ) du marché mondial, sachant qu’aujourd’hui, les États unis, l’ Union Européenne, le Japon et la Chine ont chacun la possibilité d’inonder le marché mondial de marchandises. La mise hors jeu d’une de ces zones, est donc à l’ ordre du jour pour le capital en jachère ou monnaie oisive.

L’ Union Européenne, semble à cet égard la plus fragile, et le patron de la BCE est ballotté dans tous les sens et doit résoudre le problème d’ une Europe à deux vitesses ; mais aussi les tendances centrifuges qui se manifestent en son sein depuis la crise grecque. Le journal La Tribune du 5/ 11/ 2010 mérite d’ être cité : Sous le titre « Les obligations des États « périphériques » européens sont de nouveaux attaquées » il indique que « certains fonds souverains commencent à se détourner : la Russie a exclu l’Irlande et l’Espagne des investissements obligataires de ses deux fonds et le fonds norvégien commence à trouver les titres espagnols moins attractifs. ». La suite est plus intéressante et montre comment les taux d’intérêts s’envolent « Le taux des obligations d’État grecques à 10 ans a ainsi dépassé jeudi le seuil de 11% pour la première fois depuis le 27 septembre, après être descendu à 8,73% le 13 octobre (...)l’Irlande a vu son taux à 10 ans grimper à son plus haut depuis 14 ans, à 7,69 soit 170 points de base de plus qu’à la mi-octobre. Idem pour le Portugal dont le taux à 10 ans a bondi de près de 120 points depuis le 18 octobre touchant un plus-haut de treize ans de 6,655%. ». A noter au passage que le Portugal essaye de vendre de la dette portugaise, il n’ a plus que cela à vendre et le représentant chinois en visite d’ affaire au Portugal a déclaré : "Nous sommes disposés à prendre des mesures concrètes pour aider le Portugal à faire face à la crise financière mondiale", il est même question que le Portugal sorte de l’ euro .

Qui va devoir éponger, cette hausse des taux d’intérêts , des dettes contractées par les états ? c’ est bien entendu et toujours le peuple a qui on annoncera comme Churchill en son temps « de la sueur, du sang, et des larmes ». Solution négative que nous remplaçons par le mot d’ordre révolutionnaire de Socialisme ou barbarie.

Gérard Bad ; 16 11 2010.

NOTES

1-Saddam Hussein avait décidé de ne plus payer le pétrole en dollars.

2-Selon une analyse rédigée par la Banque d’Angleterre, l’intervention de l’Etat pour soutenir les banques aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans la zone Euro se monte à 14 000 milliards de dollars. Cette somme représente un quart du produit intérieur brut (PIB) mondial.

3-Dés que la masse monétaire augmente plus vite que le PIB,c’ est que l’ argent mis en circulation ne repose sur aucune véritable richesse, à ce titre elle devient de la fausse monnaie, émise par les états.Les Etats sont actuellement les principaux créateurs de capital financier fictif, ce qui ne les empêche pas par ailleurs d’ en dénoncer les méfaits tout en exigeant une régulation de la finance devenue folle.

4-Les membres du G20 — l’Argentine, l’Australie, le Brésil, le Royaume-Uni, le Canada, la Chine, la France, l’Allemagne, l’Inde, l’Indonésie, l’Italie, le Japon, le Mexique, la République de Corée, la Russie, L’Arabie saoudite, l’Afrique du Sud, la Turquie, les Etats-Unis et l’Union européenne — constituent 90% de la production mondiale, 80% du commerce mondial et les deux tiers de la population mondiale.

5-Voir Le grand échiquier de Zbigniew Brzezinski

6- allusion au surnom de Bernanke

7-La comparaison avec la crise des années 1930 paraît désuette, au regard de la situation actuelle. A l’ époque de Roosevelt l’ encours total de crédit aux USA représentait 160% du PIB (1929) et atteint 260% en 1932. En 2008 l’ encours de crédit s’élevait à 365% du PIB et sera propulsé à plus de 500%.

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