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Encore 2 textes sur le bilan du mouvement contre les retraites

vendredi 12 novembre 2010

Ces deux textes ont été écrits par des militants qui dans le passé ont été à Lutte ouvrière, puis à la Fraction de Lutte ouvrière (dont une partie des membres se trouvent désormais au sein du NPA...on leur souhaite bien du courage !). Aujourd’hui ils sont indépendants et tentent désespérément de revenir aux sources les plus radicales du trotskysme et du léninisme.... Entreprise vouée à l’échec, en fonction de ses prémisses mêmes, à notre humble avis. Néanmoins ces deux textes écrits les 11 et 1er novembre nous semblent utiles, avec d’autres publiés sur ce site, pour dresser un bilan des mouvements contre les retraites. (Ni patrie ni frontières)

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Editorial - Quand l’unité sert d’argument contre... le front des travailleurs, leur organisation sur des objectifs de classe et l’extension du mouvement

jeudi 11 novembre 2010, par Robert Paris

Les trois pièges de l’unité Dans le dernier mouvement des retraites en France, bien des travailleurs ont pensé que la force du mouvement résidait dans l’unité : l’unité contre Sarkozy, l’unité syndicale et l’unité des Français encore appelée la "bataille de l’opinion". Ils se trompent ou plutôt on les trompe. Loin d’être une force, ce sont trois pièges qui ont été déterminants pour battre les travailleurs et permettre au gouvernement de casser la retraite à 60 ans, tout en sauvegardant le crédit des centrales syndicales et du PS, pourtant nullement décidés à mener véritablement le combat...

L’unité syndicale

Commençons par l’unité syndicale puisque la lutte a été menée (jusqu’à la défaite) par l’Intersyndicale, unissant de manière inattendue des centrales qui roulent pour des intérêts de boutique concurrents, qui n’ont aucune vision commune et encore moins d’accord sur la question des retraites... Ces centrales ont été capables de proposer des journées d’action jusqu’à épuisement des participants, sans jamais s’épuiser elles-mêmes (sans que les plus droitières ne ressentent le risque d’être accusées de radicalisme) ni épuiser les classes dirigeantes ou le gouvernement, bien entendu. Car ce mode d’action visait à "s’exprimer", "se faire entendre", "toucher l’opinion", mais pas à engager la lutte contre nos vrais adversaires du patronat et du gouvernement. La direction des centrales risquait d’autant moins d’être accusée d’irresponsabilité par les classes dirigeantes et l’Etat qu’eux-mêmes percevaient très bien que, sans ce cadre étouffant de l’Intersyndicale, il y avait des risques sociaux réels de la part de travailleurs en colère...

Si ces directions, qui n’ont jamais été choisies démocratiquement ni par le mouvement ni par les travailleurs ni par les syndiqués, se sont intronisées direction du mouvement et lui ont imposé leurs limites, elles n’étaient cependant d’accord ni sur les revendications, ni sur les objectifs ni sur les moyens de lutte. Mais, au nom de l’unité, elles ont imposé au mouvement de ne pas discuter les objectifs et les perspectives et même pas les revendications. Et elles se sont contentées de cacher ces divergences au cours du mouvement. Et elles ont maintenant intérêt à les faire ressortir alors que le danger social est passé...

Les premières fissures de l’unité syndicale nous ont permis, en effet, d’apprendre que les dirigeants de ces centrales savaient depuis le début que la méthode des journées d’action ne pouvait pas permettre au mouvement de prendre son ampleur et encore moins de faire reculer le gouvernement. Rappelons qu’en 1995, au contraire, le succès était provenu d’une grève s’étendant et menaçant de devenir générale... Et encore faut-il remarquer que cela avait été possible parce que les classes dirigeantes n’étaient pas, comme actuellement, engagées dans la plus grave crise systémique de l’Histoire...

Alors, cette fois, c’est l’Intersyndicale qui n’a cessé de tirer contre son camp, contre la menace de généralisation de la grève au privé, en affirmant qu’il ne fallait pas que le mouvement soit trop couteux pour les salariés, que les blocages suffiraient à faire reculer le gouvernement ou bien que les cheminots préféraient des grèves de 59 minutes ou encore qu’il suffisait de manifester les samedis sans faire grève. Sans oublier que ... la jeunesse allait prendre le relais des travailleurs ou que le manque d’essence allait faire plier Sarkozy sans que l’on fasse jamais appel à l’ensemble de la classe ouvrière...

Mais ce n’était pas aussi simple : il fallait faire croire aux plus combatifs que l’on ne perdait pas de vue l’idée de la généralisation sans la pratiquer réellement...

« Plus l’intransigeance dominera, plus l’idée de grèves reconductibles gagnera du terrain », tonnait Bernard Thibaut, vendredi 10 septembre, dans « Le Monde ».

Le 5 octobre, Bernard Thibaut déclare à l’AFP : « Personne ne peut prétendre faire participer sous la même forme plusieurs dizaines de millions de personnes, de la signature d’une pétition à la participation à une multitude d’initiatives locales, voire aux manifestations lors des journées interprofessionnelles. Qui dit mouvement social dit de multiples formes pour y participer ».

Bernard Thibaut le 7 octobre sur RTL : "Cela ( NDLR :la grève générale, précisons que cet amnésique pourrait se pencher sur l’histoire de la CGT du début du 20ème siècle pour s’apercevoir de l’énorme contre-vérité qu’il profère…) n’a jamais été pratiqué dans l’histoire sociale de notre pays (...) C’est un slogan pour moi tout à fait abstrait, abscons. Cela ne correspond pas aux pratiques par lesquelles on parvient à élever le niveau du rapport de forces."

Car, malgré cette unité prétendue, jamais les centrales n’ont appelé toute la classe ouvrière ensemble véritablement. Dans la plupart des entreprises, il n’y a jamais eu une assemblée générale pour en discuter. Dans la plupart des entreprises en particulier dans le secteur privé, certains syndicats, faisant partie pourtant de l’Intersyndicale, n’ont jamais appelé même à une journée d’action.

Et rien n’a été fait par les centrales pour élargir des mouvements locaux comme ceux des entreprises qui licencient, des éboueurs, des raffineries ou de l’hôpital Tenon...

Ces directions qui n’étaient d’accord sur rien concernant les retraites (revendications, enjeux, objectifs) n’ont montré qu’une unité de façade puisque la plupart des syndicats locaux CGC ou CFTC et parfois CFDT n’appelaient à rien du tout (ni grève, ni manifestation) dans de nombreux secteurs notamment du privé, comme dans l’Automobile. Certains syndicats de l’Intersyndicale sont carrément pour des retraites privées de capitalisation, pour l’augmentation de la durée des années de travail, pour l’augmentation du nombre de trimestres cotisés et on en passe...

Le mieux est de les citer :

CFDT : « La CFDT et l’intersyndicale n’ont jamais prôné de grève reconductible. (…) Le risque d’embrasement est réel sans que les organisations syndicales ne maîtrisent le système. (…) L’absence de dialogue risque de former un jour des positions jusqu’auboutistes. »

Pas étonnant, la CFDT, qui s’était distinguée bien des fois par son amitié pour le MEDEF et le gouvernement y compris sur les retraites, est une jusqu’auboutiste du soutien du capitalisme. Elle s’est d’ailleurs empressée d’aller se jeter dans de nouvelles négociations avec ses petits copains du MEDEF. Mais elle a dit une vérité : l’unité syndicale n’a fait qu’empêcher les travailleurs de mener eux-mêmes la lutte de manière plus radicale... Tout cela avec une grande aide : celle de la CGT !

CGT :

Bernard Thibault l’a dit : "la CGT va continuer à conjuguer mobilisation, proposition, contestation lorsqu’il le faut, et négociation."

Mais négocier quoi ? Avec qui ? Dans quel but ? Il ne le dit pas !

La CFDT déclare le 6 novembre : « Il nous importe de rester populaires et de conserver notre image de syndicalistes responsables »

Les centrale syndicales étaient unies par une chose : le souci que le mouvement de colère des travailleurs ne déborde pas.

On apprend ainsi que l’objectif numéro de l’Intersyndicale, tout en restant populaires, était de cantonner le mouvement de colère dans des limites "raisonnables".

- l’unité affichée ne servait qu’à contraindre les salariés à ne pas débattre des perspectives, des buts, des moyens au nom du refus des divisions

- en réalité, ces centrales n’étaient d’accord que pour refuser "la radicalisation", c’est-à-dire la perspective d’une grève générale organisée par des comités de travailleurs et fédérée nationalement par eux.

- ainsi, le discrédit de l’échec ne retombera pas du coup sur les centrales mais serait un discrédit du prolétariat à ses propres yeux et à ceux de la classe moyenne, qui ainsi ne trouvera qu’à se jeter dans les bras de l’extrême droite.

La seule unité intersyndicale, c’est celle contre tout débordement des travailleurs qui s’auto-organiseraient pour mener la lutte de manière interprofessionnelle, inter-entreprises et inter-sites et, surtout, de classe, c’est-à-dire internationale...

Négociations, concertation, constat partagé, cogestion du capitalisme, dirigeants syndicaux et de gauche sont unanimes : il faut réformer.

Et ils ont plein de "solutions" pour les retraites comme pour lre reste, pour servir le système...

C’est faux : rien n’est réformable.

Quant au parti socialiste, au delà de Strauss-Kahn favorable à la loi de Sarkozy, la première secrétaire du PS, Martine Aubry veut maintenir l’age légal de la retraite à 60 ans, comme un "droit de partir" à cet âge, mais assure que les socialistes n’ont "jamais demandé la retraite à taux plein à 60 ans" pour tous, notant que "depuis des années", il était fixé à 65 ans en France."

L’unité contre Sarkozy

Tout d’abord, n’oublions pas que c’est Sarkozy qui a voulu jouer le rôle d’épouvantail à moineaux dans lequel il excelle, afin de dédouaner les classes dirigeantes et de permettre aisément aux syndicats et partis de gauche de donner comme cible sa personne et non la grande bourgeoisie qui est pourtant la grande bénéficiaire de ses attaques anti-sociales.

C’est une tromperie à visées multiples :

- politicienne (la gauche) : elle sous-entend que c’est tant pis si on perd la lutte puisqu’on votera bien

- mais surtout sociale : Sarko sert d’épouvantail (rôle qu’il s’est lui-même donné) pour détourner sur lui la colère sociale qui montait contre la grande bourgeoisie. Le MEDEF lui-mêmes apparaît alors comme le "bon" négociateur (version CFDT)

- du coup, la lutte n’a pas lieu contre les vrais adversaires et elle ne peut pas faire reculer le gouvernement puisqu’elle ne frappe pas les patrons...

L’unité des Français contre ... l’unité de classe des travailleurs

Il s’agit d’une tromperie pour éviter le développement d’une conscience de classe et pour détourner le rôle dirigeant du prolétariat dans la lutte face au Capital en crise, dirigeant y compris des couches petites bourgeoises menacées.

Selon cette méthode des réformistes, politiques et syndicaux, il n’y a pas de travailleurs, pas de capitalistes, mais une "opinion", des "citoyens", un accord social, une concorde, un dialogue, etc, etc,

La CGC déclare ainsi : "Le syndicalisme, pourquoi faire ? (...) Il n’y a pas, d’un côté, les patrons employeurs et, de l’autre les salariés victimes. Il y a une société en marche pour laquelle chacun a un rôle qui concerne l’intérêt général."

Dans la Déclaration de principes du parti socialiste, on peut lire : " Le Parti socialiste est donc favorable à une société d’économie mixte qui, sans méconnaître les règles du marché"

Le mot Capitalisme était trop connoté par les guerres et les massacres du siècle passé. Nous l’avons remplacé par "Économie de marché". Il était difficile de trouver une formule plus vide de sens, et c’est pourquoi nous l’avons adoptée. disait déjà John Kenneth Galbraith.

Laurent Fabius déclarait-il au Monde le 21 mai 2006 à propos du débat entre réformisme et radicalité : « Ce débat a été tranché depuis longtemps : nous sommes réformistes. »

Et Delanoé : "Nous ne sommes plus au temps du marxisme qui raisonne sur des classes sociales et qui finit par broyer les hommes"

Les mots « classe », « prolétariat », « front de classe », « exploiteurs », « capitalistes », « ouvrier », « travailleurs », « lutte des classe », « exploitation » ne font plus partie du vocabulaire… A la place de cela, il parle de « peuple », de « citoyens », de « nation », de « Français », d’ « opinion », d’ « entrepreneurs », d’ « intérêt général », d’ « unité »

N’en déplaise aux réformistes, en période de crise systémique, le problème se pose ainsi : prolétariat ou grande bourgeoisie et socialisme ou barbarie. Plus le prolétariat s’exprime avec force de manière indépendante, de classe, plus il peut entraîner dans le camp du socialisme la petite bourgeoisie, elle-même frappée par la crise c’est-à-dire par la grande bourgeoisie.

La véritable unité des travailleurs

Elle se fera si nous combattons pour :

- l’indépendance vis-à-vis des appareils syndicaux

- l’organisation des travailleurs en comités de lutte se fédérant par delà les sites, les professions, les localités, en unissant salariés et chômeurs, jeunes et vieux, avec ou sans papiers, français ou immigrés...

- combattre toutes les illusions sur les élections et sur la gauche

- unir la lutte des retraites à celle des salariés licenciés, des services publics, de la santé, des chômeurs, des sans papiers et des salaires...

- une lutte de classe sans compromission ni négociation qui s’attaque à nos adversaires réels de la grande bourgeoisie

- une perspective d’avenir : bâtir une société débarrassée de l’exploitation

L’unité du front prolétarien nécessite que les travailleurs eux-mêmes soient organisés au sein de comités de lutte, de comités d’action, de conseils d’usine, d’entreprise, de quartier et que ces comités soient reliés et décident ensemble de l’avenir de la lutte et ensuite de l’avenir de la société.

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Méthodes de lutte des centrales syndicales et méthodes ouvrières

lundi 1er novembre 2010, par Robert Paris

Nous allons montrer dans cet article que, même si bien des travailleurs et bien des militants ont été pris au piège des méthodes de l’Intersyndicale, tout oppose les deux méthodes, celle des centrales syndicales et celle des travailleurs en lutte : les buts, les perspectives, les moyens, les formes d’organisation, les revendications, les formes de lutte et les résultats.

Si on commence par les résultats, il est clair et les centrales le répètent suffisamment que, pour elles, l’achèvement d’une lutte est un accord avec les patrons en vue d’une nouvelle collaboration. La négociation n’est même pas un moyen mais un but et les dirigeants syndicaux sont des négociateurs qui passent le plus clair de leur temps à blablater avec les patrons et le gouvernement...

Dans le sens des intérêts de classe, l’aboutissement d’une lutte de classe qui monte est une rupture avec la logique patronale et même, si la lutte de classe va jusque là, avec la société capitaliste.

On mesure toute la distance...

En ce qui concerne les formes d’organisation, il est clair que les centrales - toutes de manière unanime - sont contre des formes d’organisation et de décision à la base, des comités, des conseils, des collectifs, des coordinations, quelle que soit la manière dont on les appelle : comités de grève, comités de lutte, comités d’action, comités de quartier, comités inter-entreprises, comités interprofessionnels...

L’organisation de classe, en comités qui interfèrent de plus en plus dans la société jusqu’à la prise du pouvoir, menace l’ordre existant et révèle aux travailleurs eux-mêmes leur capacité à diriger la société et le sens dans lequel ils souhaitent la diriger.

Toute forme d’organisation de classe, même embryonnaire, remet en question l’ordre social dont les appareils syndicaux sont un des piliers.

Les centrales syndicales visent à convaincre les travailleurs qu’elles feront tout très bien à leur place, comme avocats, comme assurance, comme sécurité, comme négociateurs, comme décideurs des des rythmes et moyens de lutte... Elles trouvent les revendications, les décident et les discutent avec patronat et Etat, tout cela sans consulter les travailleurs et même pas leurs militants ! Par exemple, la CGT a signé le "Contrat social de crise" qui prévoit comment Renault sacrifie les salariés sans que leurs militants en aient été informés ! Ils avaient bien fait des consultations mais toutes disaient que la signature était minoritaire...

A l’opposé, le but numéro un des comités, c’est que les travailleurs décident, discutent de tout devant tout le monde, en se soumettant au maximum au choix des travailleurs. Pas par goût des réunions sans fin mais parce que c’est ainsi que les travailleurs renforcent leur capacité de lute et de changement social.

Et ils combattent férocement toute tentative de les mettre en place, prétendant qu’il suffit d’assemblées générales dans lesquelles les propositions viennent seulement des syndicats, c’est-à-dire de leur direction.

Centrales syndicales et classe ouvrière ne défendent même pas les mêmes intérêts. Il suffit pour le montrer de voir que les centrales s’estiment victorieuses du dernier conflit et que les travailleurs ont été battus. L’intérêt des centrales est d’obtenir la reconnaissance des patrons et de l’Etat ce qui les oblige régulièrement à s’appuyer sur la force de la classe ouvrière afin de contraindre leurs interlocuteurs à ne pas trop baisser les prix payés aux syndicats pour leurs services. Une petite démonstrations ans danger de temps en temps suffit....

Tout oppose :

- conscience de classe et collaboration de classe,

- organisation de classe et bureaucratie,

- lutte de classe et ballet journée d’action/négociations

- lutte allant vers la rupture avec le capitalisme et la destruction de l’Etat bourgeois et concertation patronat/syndicats.Etat.

Quand les centrales syndicales se plaignent, ce n’est pas du mode d’organisation de la société bourgeoise mais du fait qu’elles ne sont pas assez entendues ou même assez écoutées. Elles ont arrêté bien des mouvements qui partaient forts simplement parce qu’elles avaient obtenu des négociations et sans le moindre engagement, comme récemment à Total et à l’Hôpital public.

La lutte des classes aiguise l’opposition entre exploiteurs et exploités.

La lutte des centrales syndicales l’émousse, l’épuise, l’étouffe, la détourne.

L’idéologie des centrales syndicales est l’illusion d’un capitalisme qui profiterait de manière équilibrée à la fois aux travailleurs et aux capitalistes. Autant dire qu’en période de crise du système un tel discours est plus qu’irréaliste : dangereux !

Pour les centrales syndicales, l’Etat est un intermédiaire qui permet la discussion et l’entente avec la patrons sur des bases équilibrées. La lutte, quand il le faut entre deux négociations, mène à un nouvel équilibre.

La conscience de classe montre, à l’inverse, que l’Etat n’est rien d’autre qu’un instrument de la classe dirigeante contre les travailleurs et qu’il ne sert à rien de demander à bouc de donner du lait...

La conscience de classe, c’est la conscience de la nécessité pour les travailleurs, dans l’avancée de la société, de renverser la direction de la classe capitaliste dont l’Etat bourgeois n’est que l’expression.

Il faut remonter avant la première guerre mondiale pour trouver des syndicats qui tenaient un discours de classe. Cela ne veut pas dire qu’ils ont tenu compte de l’évolution des sociétés modernes. cela veut dire au contraire, qu’à l’époque impérialiste où la lutte de classe est exacerbée, ils ont changé de camp ! QUELLES LEÇONS DANS LE DERNIER MOUVEMENT DES RETRAITES

En septembre-octobre dernier, les centrales syndicales ont mis en oeuvre toute la palette des moyens qu’elles estiment utilisables vue la situation, c’est-à-dire des moyens permettant de faire croire qu’elles mènent la lutte mais sans jamais mettre en cause la classe dirigeante et l’Etat.

La suite de l’article vise à montrer ce que l’on aurait pu faire si la classe ouvrière voulait agir exactement en sens contraire des méthodes des centrales syndicales. Quelle politique dans les luttes peuvent en effet défendre les militants conscients auprès de leurs camarades de travail ?

Rappelons d’abord ce que nous écrivions sur les méthodes de lutte des centrales syndicales Quelle différence y a-t-il entre un appel intersyndical à sept journées d’action séparées et une classe ouvrière s’attaquant à la classe dirigeante par sept jours de grève générale d’affilée ? Quelle différence y a-t-il entre des grèves localisées qui ne sont unies que lors de "journées" et un mouvement qui s’étend, gagne de nouveaux secteurs par l’action des travailleurs eux-mêmes ? Quelle différence y a-t-il entre des syndicats qui admettent "la nécessité d’une réforme" et contestent seulement le manque de négociation et des organisations qui préparent le combat contre le capital ? Quelle différence y a-t-il entre une cheminée et une tuyère d’avion ? La première ne fait que lâcher la vapeur de la combustion et la deuxième la propulse. Les syndicats n’ont organisé que des lâchers de vapeur de la colère sociale. Ceux-ci ne risquaient pas de propulser bien loin la lutte sociale ! Ils ne risquaient pas de répandre la peur chez nos ennemis de la grande bourgeoisie. La force des travailleurs n’est pas dans des journées devenues des espèces de journées fériées puisqu’on conseille quasiment aux salariés de prendre des RTT. Elle ne consiste pas en des promenades sur les boulevards, même répétées... Car, à chaque fois, on rentre chez soi et on laisse retomber la lutte. On laisse isolés ceux qui continuent la grève. On laisse isolés la lutte des travailleurs des entreprises qui ferment ou licencient. On laisse isolée la lutte des ports. On laisse isolée la lutte de l’hôpital Tenon que les syndicats ne veulent pas élargir à l’ensemble de la Santé. On laisse isolés les infirmiers anesthésistes. On laisse isolée la lutte des terminaux pétroliers. On clame la solidarité des travailleurs autour d’eux mais on les abandonne sous prétexte de décisions démocratiques des assemblées générales. La force des travailleurs n’est pas seulement de bloquer, ici ou là, un moyen de transport, un dépôt pétrolier ou même une usine. La force des travailleurs, c’est de se réunir sur leurs lieux de travail, par delà les professions, les sites, les entreprises, les catégories

Alors commençons ensemble à imaginer ce que serait le mouvement de lutte des retraites si ce n’étaient que les intérêts des travailleurs qui le dirigeaient et pas les petits et grands calculs des dirigeants syndicaux...

Examinons ce que feraient des dirigeants ouvriers soucieux de l’intérêt de classe et aussi ce que feraient les militants locaux défendant le même type de politique.

Tout d’abord, aucun d’entre eux n’auraient accepté de participer à des négociations qui disaient d’avance le but : s’attaquer aux retraites.

Ensuite, ils n’auraient jamais donné comme objectif de se retrouver à la table des négociations.

Ensuite, ils auraient fait campagne dans tout le pays pour le maintien des retraites sans toucher ni à la date dé départ, ni au montant des retraites ni à la date de départ à taux plein. Ils auraient annoncé que le terme même de réforme signifiait des sacrifices pour les travailleurs et pas pour les profiteurs. Voilà en ce qui concerne le début de la campagne d’idées, pour reprendre le terme des centrales syndicales, campagne qu’elles prétendent avoir gagné en justifiant la "bonne réforme"...

Mais, sur le fond l’essentiel est ailleurs : ces militants auraient fait campagne pour expliquer ce qu’est la crise du capitalisme et à quel point ce système est en train de rendre l’âme et ne doit pas emporter nos vies avec...

Dans la méthode, une telle campagne aurait eu une tout autre allure que les campagnes syndicales. On aurait appelé les travailleurs et les militants à faire des rassemblements-débats sur les marchés, dans les gares, à la sortie des entreprises... Il ce serait agi d’une campagne d’agitation avant même que l’on parle de grève. Arrêter le travail n’est pas une panacée et ne doit se faire que quand on est vraiment prêts à en découdre jusqu’à la victoire...

Tout d’abord, il fallait partir des secteurs déjà en grève, que ce soit sur les retraites ou pas. En effet, c’est une seule et même lutte que mènent aujourd’hui les travailleurs que ce soit sur les emplois, les salaires, la défense des services publics, la santé, les sans papiers et j’en passe...

Donc partir de la lutte des raffineries, des ports, de l’hôpital Tenon, des infirmières anesthésistes, des urgences, des entreprises qui licencient, des éboueurs et bien d’autres...

Faire en sorte que tous les autres secteurs popularisent ces luttes, que la lutte sur les retraites devienne un vaste moyen de faire gagner ces luttes d’un secteur, d’un site, d’une entreprise en faisant venir des salariés de partout dans des grands meetings de soutien.

Puis, inversement, en faisant venir les salariés déjà en grève dans les assemblées générales de débat des entreprises qui ne l’étaient pas encore.

Faire monter la pression avant de lancer une lutte générale...

Les centrales syndicales répètent à l’envi que la grève générale ne se décrète pas. Mais la réalité est surtout qu’elles n’en veulent pas. Même en 1936 et 1968, il y a eu de fait la grève générale mais vous seriez bien en peine de trouver de leur part un appel à la grève générale. Elles ont, par contre, lancé des appels multiples à la reprise du travail.

Non pas que la grève générale soit en soi plus révolutionnaire qu’un autre mode d’action. Mais parce que la classe ouvrière peut prendre conscience de sa force et passer à l’offensive contre la société capitaliste et son pouvoir politique.

C’est qu’il est important de comprendre que la grève ouvrière n’a de force que si elle prend conscience de son rôle politique : la remise en cause du pouvoir capitaliste sur la société.

Si une grève générale est transformée par des appareils réformistes, politiques et syndicaux, en un simple blocage économique, alors elle devient un hochet ridicule. Si la grève générale se couple du développement des comités ouvriers qui se fédèrent, prennent des décisions pour toute la société, deviennent la référence de tous, alors le pouvoir capitaliste est menacé. QUELQUES CONCLUSIONS

1°) Nous organiser sur des bases de classe, indépendantes de la bourgeoisie et donc indépendantes des appareils réformistes syndicaux et politiques

2°) Mener nous-mêmes la lutte par des organismes fondés par nous et se basant sur la dynamique du mouvement, avec des délégués élus et révocables et des décisions prises devant tous et révocables seulement par tous

3°) Unir toutes les luttes de travailleurs en un vaste combat dirigeant ses coups contre la classe dirigeante et remettant en question son droit à diriger la société

4°) Développer la conscience que l’on ne parviendra à satisfaire les revendications ouvrières qu’en se débarrassant de la domination du Capital sur le Travail et en détruisant définitivement l’’Etat capitaliste.

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