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Mouvement communiste : La guerre et la paix sont deux moments étroitement liés du capitalisme

jeudi 22 janvier 2004

Avec la deuxième campagne militaire d’Irak, voulue, méticuleusement préparée, programmée par la plus grande puissance économique et militaire de la planète, le monde pénètre dans une période où la paix armée déborde de plus en plus fréquemment en guerres ouvertes. Avec une arrogance, les plus hauts représentants de l’Etat américain répètent que rien ne les arrêtera.

Le prétexte ? La sinistre dictature de Saddam Hussein, assassin notoire et ancien massacreur de populations, gazeur de milliers de Kurdes alors soutenu et armé par les grandes puissances, dont la France, l’Allemagne et les Etats-Unis, car il se faisait l’instrument de leurs politiques. Aujourd’hui plus que jamais, Saddam sert de repoussoir pour tenter de faire croire que l’armée anglo-américaine et les autres forces qui s’y rallieront vont faire œuvre de démocratie en écrasant sous les bombes les populations d’Irak.

Ne nous trompons pas, l’état-major américain veut certes détruire le régime national-socialiste du parti Baas au pouvoir. Personne le regrettera. Ce ne seront certes pas les Kurdes ou les chiites d’Irak à se plaindre de la disparition, même par la voie d’une intervention extérieure, de la clique au pouvoir à Bagdad. Mais celui-ci n’est pas le point central.

La première guerre d’Irak, il y a treize ans, ne comprenait pas l’objectif de chasser Saddam Hussein et les siens. Pourtant, les troupes américaines étaient parfaitement en mesure de le faire. Le général Norman Schwarzkopf, responsable militaire américain dans le Golfe en 1991, a écrit, dans son livre de mémoires, que l’anéantissement de la garde républicaine - les meilleurs chiens de garde du régime - était à la portée de ses troupes, de même que la démolition de l’Etat irakien. C’est le père du président américain actuel qui, au travers de Colin Powell, chef d’état-major des armées à l’époque, a ordonné l’arrêt des opérations. Depuis, le régime du dictateur de Bagdad ne s’est jamais si bien porté. Saddam prend ses trois repas par jour dans ses somptueux palais, alors que les populations souffrent de la pénurie alimentaire et de médicaments et meurent de l’embargo décidé par les mêmes Nations unies qui aujourd’hui sont considérées par bon nombre de pacifistes comme le rempart contre la détermination guerrière de George W. Bush.

Pays du camp de la guerre et pays de celui de la pseudo-paix déclarent à l’unisson être inspirés par le désir d’instaurer une vraie démocratie en Irak. Ils mentent.

Les raisons de la guerre qui arrive sont tout autres. Des dictatures, sanguinaires ou pas, les Etats-Unis et le Royaume-Uni s’en tapent complètement. De même que les pseudo-champions de la paix, les Etats français et allemand. Partout dans le monde, les uns et les autres se sont parfaitement accommodés des tyrans au pouvoir, quand (et c’est le cas le plus fréquent) ils ne les ont pas eux-mêmes organisé leur ascension au pouvoir.

C’est au nom du maintien de la paix, que Bush et Blair veulent cette guerre. Chirac et Schröder affichent leur meilleure mine de blanches colombes alors que leurs deux principaux alliés « pacifistes » sont la Russie, qui est en passe d’exterminer les Tchétchènes, et la Chine, qui mène depuis très longtemps une répression sans pitié à l’encontre notamment des Tibétains et qui vise depuis toujours l’annexion de Taiwan. France et Allemagne qui, au demeurant, ne se sont pas privées de participer à la première guerre d’Irak, en entente avec leur ami américain.

DES ENJEUX MULTIPLES

Le pétrole évidemment. Mais encore faut-il y voir clair. Les ressources de pétrole du Golfe, dont l’Irak est l’une des quatre composantes, représentent 60% des réserves mondiales prouvées. Par conséquent, l’enjeu énergétique est certainement central.

Mais le pétrole venant d’Irak ne représente que moins de 4% de la consommation des Etats-Unis. Ce dernier n’est donc pas le facteur déclenchant de l’aventure militaire américaine. En revanche, encore en 2001, les Etats-Unis achetaient plus de la moitié du pétrole irakien autorisé à l’exportation dans le cadre du plan ’pétrole contre nourriture’, loin devant l’Europe (moins de 20% des exportations irakiennes de pétrole). Sans compter que l’Etat irakien ne demande pas mieux que de fournir davantage d’or noir aux Etats-Unis. C’est l’embargo décidé par les Nations Unies qui freine.

Mais alors pourquoi la guerre ? Comme tous les Etats, l’Etat américain est censé défendre les intérêts fondamentaux de sa fraction nationale du capital mondial. Comme toutes les guerres capitalistes, la guerre qu’il poursuit n’est que la continuation de la paix armée des marchés menée par des moyens violents. L’embargo ayant raté l’objectif de faire tomber le régime irakien, place à la guerre ! Par ce biais, l’Etat américain veut s’assurer non pas tant son approvisionnement pétrolier propre, mais le contrôle des sources et de la distribution mondiales d’hydrocarbures. Il compte ainsi prendre une longueur d’avance vis-à-vis d’autres pays aux économies concurrentes qui pourraient, dans un deuxième temps, menacer la suprématie des Etats-Unis sur les marchés des produits et des capitaux. Or, la nouvelle puissance planétaire qui monte vite et qui, dans les prochaines années, va devenir le premier pays importateur du pétrole au monde, c’est la Chine.

LA CHINE ET L’EURO EN LIGNE DE MIRE

Pour la première fois de l’histoire en 2002, la Chine a attiré plus de capitaux étrangers que les Etats Unis. Toujours l’an dernier, les échanges commerciaux entre la Chine et les Etats-Unis ont profité à la première pour plus de 100 milliards de dollars d’excédents. Dans le domaine de la téléphonie mobile, la Chine est le premier marché mondial avec plus de 200 millions d’usagers. Environ deux millions de téléphones mobiles par mois sont vendus dans ce pays. Dans le domaine de l’informatique, la Chine forme 50 000 ingénieurs chaque année, contre 30 000 aux Etats Unis. La liste pourrait être bien plus longue. Arrêtons-nous là.

Pour rendre possible la poursuite de ce formidable développement du capitalisme chinois, il faut de l’énergie, beaucoup d’énergie. Il y a encore une décennie, la Chine exportait du pétrole. Dès 1994, le mouvement s’est inversé. L’Agence internationale de l’énergie estime que, d’ici 2030, la Chine devra importer autant de pétrole que les Etats-Unis en importent actuellement. D’où l’intérêt pour les Etats-Unis de contrôler directement toutes les vannes de la plus grosse réserve mondiale prouvée de pétrole.

Au passage, et ce n’est guère un facteur négligeable, l’administration américaine entend, par la guerre avec l’Irak, renforcer sa monnaie, notamment vis-à-vis de l’euro. Une devise forte par rapport à l’euro permet aux Etats-Unis de continuer d’attirer des capitaux financiers européens et asiatiques, appâtés par des taux de change favorables au dollar. Gardons en mémoire que, dans les années ’90, beaucoup de capitaux européens ont atterri à Wall Street et que près de la moitié des obligations d’Etat américaines sont conservées dans les coffres des banques centrales d’Extrême-Orient.

Encore actuellement, 70% des échanges mondiaux se font en dollars alors que les Etats-Unis n’assurent pas plus du cinquième de la production mondiale de marchandises. En réaffirmant sa puissance militaire face à tout ce qui peut ou pourrait contrarier la domination du capitalisme américain, l’administration Bush entend continuer d’attirer aux Etats-Unis davantage de capitaux financiers que les Etats-Unis en exportent. Et gare aux petits euros qui rêvent de jouer les grands…. La crise économique de 2001/début 2002 a été d’une gravité exceptionnelle notamment pour les Etats-Unis. La période de marasme qui a suivi est loin d’être terminée. Le capital est convalescent et se soigne en restructurant à la hache, en coupant les coûts de production alors que se multiplient les croche-pieds entre entreprises et marchés concurrents.

L’Etat américain a soutenu son économie à bout de bras, et cela coûte cher. En 2000, le budget fédéral des Etats-Unis dégageait un excédent de 300 milliards de dollars. Il est prévu qu’en 2004, le bilan de l’Etat fédéral sera déficitaire de plus de 300 milliards de dollars. Or, la solidité d’une monnaie est directement liée à la bonne santé de son économie. Quand cette dernière est défaillante, l’emploi des armes peut aider à redresser le taux de change d’une devise.

Dans la société du capital, la guerre est un moyen normal de résoudre les difficultés. Sous sa dictature, la vraie paix n’existe jamais, et, quand elle semble prendre le dessus, elle sert à préparer des nouveaux conflits armés.

Seuls les sots et les incurables naïfs peuvent croire que la vilenie des uns et la dictature des autres sont les véritables causes des guerres. Il n’y a pas des bons qui combattent des méchants. Il y a, en revanche, des Etats capitalistes qui ont (ou pas) intérêt au déclenchement de telle ou telle guerre. Les premiers sont va-t-en guerre les autres s’affichent pacifistes.

Cette fois-ci, le gouvernement français et l’ensemble des forces politiques hexagonales, de l’extrême droite à l’extrême gauche, se sont rangés dans la deuxième catégorie. Et pour cause ! En janvier encore, lors de la foire commerciale de Bagdad, la France a été consacrée premier partenaire commercial de l’Irak ! Dictature ou pas, les affaires sont les affaires. Ça vaut quand même le coup que M. Chirac fasse la grimace à M. Bush !

OUI, CONTRE LES GUERRES, MAIS AUSSI CONTRE LA PAIX ARMÉE DU CAPITAL !

Les travailleurs du monde entier n’ont rien à gagner de cette guerre et beaucoup à perdre. Cette guerre n’est pas la nôtre. Elle n’appartient donc pas davantage aux travailleurs des Etats-Unis qu’aux prolétaires d’Irak. C’est la guerre du capital américain contre d’autres fractions du capital mondial en Irak, en Chine, en Europe et ailleurs. Nous n’avons pas à choisir entre Bush, Saddam ou le couple Chirac-Schröder avec leurs amis Poutine et Hu Jintao, le nouveau maître à Pékin. Ce sont toujours les travailleurs, les sans-réserves et les paysans pauvres qui sont les plus grandes victimes des guerres capitalistes, pas les tyrans au pouvoir ni les tenants démocratiques du capital.

Partout dans le monde, il y a eu des millions de manifestants pour la paix. Mais cela n’empêche pas la guerre. Manifestants ou pas, résolution des Nations Unies ou pas, accord ou pas du Conseil de sécurité, Bush a choisi de partir en guerre contre l’Irak. En Irak, le dictateur et sa clique exhortent la population à se battre maison par maison pour les défendre. Tous disent à leur population : " Allez-y ! Entre-tuez-vous ! ". Il ne faut pas tomber dans le piège. La seule issue pour arrêter leurs initiatives guerrières, c’est la lutte contre toutes les formes de la domination capitaliste. Contre Saddam Hussein et son régime d’assassins, contre la barbarie que préparent Bush et ses sbires, contre la poursuite " normale et pacifique " des affaires et de l’exploitation que nous imposent Chirac, Schröder, Poutine et autre Hu Jintao.

LE CAPITALISME RIME TOUJOURS AVEC EXPLOITATION, OPPRESSION, FERMETURES D’USINES, CHÔMAGE, PAIX ARMÉE ET AUSSI GUERRE, CHAQUE FOIS QUE CELLE-CI SERT À SA SURVIE. QUAND LES ARMES SE TAISENT, C’EST POUR MIEUX PRÉPARER DES NOUVEAUX AFFRONTEMENTS MEURTRIERS. SEULE UNE REVOLUTION PROLÉTARIENNE VICTORIEUSE PERMETTRA D’EN FINIR POUR DE BON AVEC L’EXPLOITATION ET LES GUERRES.

Bruxelles-Paris, le 5 mars 2003. MOUVEMENT COMMUNISTE

Pour toute correspondance, écrire, sans autre mention, à : B.P. 1666, Centre Monnaie, Bruxelles.

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